L’ozone, vous connaissez ? Sûrement de nom, à cause de la couche d’ozone… C’est le gaz le plus important de la stratosphère, qui capte plus de 97 % des UV du soleil. Surtout, dès 1870, grâce à ses propriétés antimicrobiennes, il révolutionne la médecine de l’époque… Et sa révolution semble loin d’être terminée. De la syphilis aux caries en passant par le diabète, l’asthme ou les insomnies, l’ozone ressemblerait à un traitement miracle. Mais qu’en est-il réellement, l’ozone peut-il vraiment vous soigner sans danger ?
En 2003, sur le plateau d’une émission de Canal +, Johnny Hallyday était interrogé sur les secrets de son étonnante vitalité. Sa réponse : un séjour dans une clinique spécialisée dans l’oxygénation du sang, une adresse qui lui avait été recommandée par son ami Zinédine Zidane : « Zidane y va deux fois par an et je le comprends », avait déclaré le chanteur après avoir précisé que ce traitement lui avait procuré « un bien fou »1.
La technique décrite par la star du rock ressemble bel et bien à un procédé médical de l’ozonothérapie, appelée la « grande » autohémothérapie, qui consiste à prélever du sang que l’on enrichit du cocktail oxygène purozone (jusqu’à 5 % d’ozone maximum). Le mélange est ensuite réintroduit par perfusion.
Ce traitement était très en vogue chez les sportifs, notamment chez les cyclistes dans les années 1950, mais également dans tous les sports d’endurance comme l’athlétisme, le triathlon ou le football. Toutefois ses effets sont si puissants que, depuis 2018, l’ozonothérapie fait officiellement partie des pratiques de dopage prohibées par l’Agence mondiale antidopage (AMA)2. Elle était pourtant remboursable en France jusqu’en 20173 , mais aujourd’hui, cette controverse liée au milieu sportif n’aidant pas, les praticiens, craignant critiques et sanctions, se font rares… La pratique n’est d’ailleurs plus officiellement autorisée en France4 , bien que nos voisins européens en usent très légalement, notamment l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, l’Italie ou la Belgique. Et cela alors même que l’histoire et la science ont prouvé à maintes reprises l’efficacité de cette technique dans de nombreux domaines.
L’ozone est un gaz aux capacités aussi étranges qu’incroyables, c’est pour cela qu’il ne cesse de passionner la médecine depuis le XIXe siècle, en fait depuis qu’un médecin allemand, le Dr Lender, a publié en 1870 la toute première étude sur les effets biologiques liés à la désinfection de l’eau. Il existe encore actuellement plus de 3 000 usines de traitement d’eau par l’ozone rien qu’au Pays-Bas. Ce traitement de l’eau destiné à la rendre potable peut même oxyder différents pesticides5.
La découverte des propriétés antimicrobiennes de l’ozone révolutionne la médecine d’alors. Il est d’ailleurs utilisé comme désinfectant depuis 1881. C’est à la même époque que le premier rapport officiel sur l’ozone en tant que purificateur du sang voit le jour. En 1896, Nikola Tesla dépose le brevet du premier générateur d’ozone à usage médical : l’ozonothérapie est née.
En France, ce traitement sera utilisé jusqu’en 1900 contre la tuberculose pulmonaire, à l’hôpital de Saint-Raphaël.
Plus tard, l’usage de l’ozonothérapie sera étendu à de nombreux autres maux tels que : la tuberculose, l’anémie, la chlorose, les acouphènes, la coqueluche, l’asthme, la bronchite, le rhume des foins, l’insomnie, la pneumonie, le diabète, la goutte, la syphilis6 , ou encore les plaies infectées, les pieds gelés, la gangrène et certains ulcères… et même jusqu’au soin des dents puisqu’en 1932, en Suisse, un dentiste, le Dr Fish, publie les applications de l’ozone pour traiter les caries. Quelques années plus tard, en Autriche, Edwin Payr montre également l’effet cicatrisant de l’ozone.
Pourtant, malgré son utilité évidente, l’ozone en tant que méthode de traitement des maladies infectieuses tombe progressivement en désuétude : les générateurs d’ozone de l’époque, dont beaucoup sont fabriqués avec des composants en verre, ne sont pas pratiques pour les hôpitaux. Ils ne peuvent rivaliser face à la commodité et la facilité d’utilisation des nouveaux antibiotiques.
En 1940, aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) commence donc à sceller les générateurs d’ozone médical, en promouvant leur propre industrie pharmaceutique…
Mais l’émergence de plastiques résistants à l’ozone va en quelque sorte sauver la pratique qui continue à soigner les patients brûlés ou soulager l’asthme bronchique (par des inhalations de vapeur ozonée).
D’autres méthodes d’application de l’ozone sont développées: l’utilisation de l’ozone dans la conservation du sang, l’ozonation du sang et l’infusion de solution saline ozonée pendant les périodes postopératoires et post-réanimation7.
Et dans les années 2000, les usages continuent à se diversifier : dermatologie, cosmétologie, gynécologie, néonatologie, traumatologie…
L’application de l’ozonothérapie dans différentes parties du monde est confirmée par sa pratique dans plus de 50 pays. Il existe plus de 40 associations d’ozonothérapie dans le monde, ce qui représente plus de 26000 médecins traitant leurs patients par ozonothérapie
L’ozone est produit à partir de trois sources d’énergie de base : l’électrolyse chimique, la décharge électrique et le rayonnement lumineux ultraviolet. Ce gaz ne pouvant être stocké, un générateur médical doit produire un mélange pur oxygène-ozone homogène (entre 95 et 99,95 % d’O2, complété par de l’ozone) pour qu’il puisse être utilisé tout de suite.
De faibles doses d’ozone suffisent à produire de nombreux effets thérapeutiques, avec une large marge de sécurité. Il existe trois techniques différentes pour l’administrer: l’autohémothérapie majeure8, l’insufflation rectale9 ou l’injection intramusculaire.
Le volume de sang à extraire pour injecter l’ozone est déterminé en fonction du poids du patient. La collecte de sang varie de 1,2 ml/kg à 1,3 ml/kg avec une limite de 150 ml chez les individus de 150 kg.
À chaque dose thérapeutique correspond un mécanisme d’action qui permet de traiter différentes sortes de maladies:
Tous les matériaux utilisés pour l’ozonothérapie doivent être jetables et résistants à l’ozone : verre, silicone, acier inoxydable 316 et certains plastiques spécifiques.
Les principaux modes d’administration de l’ozone sont :
Dans le cadre d’un traitement avec l’ozone des suppléments antioxydants peuvent être administrés.
Toutefois ils ne doivent jamais être administrés pendant le traitement par l’ozone, mais seulement avant ou après le soin.
De même, il est recommandé de ne pas administrer de thérapie antioxydante par voie intraveineuse, comme la vitamine C ou le glutathion, ni avant ni pendant, mais de l’administrer après la thérapie à l’ozone.
Les recherches menées au XIXe siècle montrent que l’ozone est capable de réagir avec la majorité des substances organiques et inorganiques: protéines, acides aminés, acides gras insaturés, lipoprotéines du plasma et membranes cellulaires.
En contact avec les fluides biologiques, il se dissout et réagit en quelques secondes et provoque aussitôt la formation d’espèces réactives de l’oxygène dans le plasma (moins d’une minute), ce qui s’accompagne d’une diminution transitoire de la capacité antioxydante en fonction de la dose. Cette capacité antioxydante retrouve son niveau normal entre 15 à 20 minutes, le temps que ses composants soient diffusés à l’intérieur des cellules. Pour faire simple: l’ozone est un oxydant puissant qui déclenche la production d’antioxydants et permet ainsi d’éradiquer virus et bactéries pathogènes sans abîmer la flore intestinale, car c’est grâce à l’oxydation que le corps détruit les microbes.
En quantités adéquates et contrôlées, les dérivés oxygénés produits grâce à l’ozone remplissent différentes fonctions biologiques et thérapeutiques en activant certaines enzymes, notamment les médiateurs immunitaires.
Il était toujours impressionnant de voir l’ozone se dissoudre immédiatement à proximité du point d’injection sans que le patient ne ressente aucune sensation, avoue le Dr Rueff qui l’a pratiquée pendant vingt ans sur ses patients. De toute ma carrière médicale, je n’ai rien connu de mieux pour enrayer un bon début de grippe10.
L’administration d’ozone est contre-indiquée en cas de :
L’ozone augmente les effets des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (antihypertenseurs). Les patients recevant une supplémentation en cuivre ou en fer ne peuvent pas recevoir de traitement à l’ozone.
Un effet synergique est attendu avec d’autres traitements oxydants tels que les ultraviolets et le peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée), la thérapie au laser, la magnétothérapie, l’acupuncture, la diathermie et la physiothérapie.
« Les propriétés microbicides et antitoxiniques de l’oxygène sont portées au maximum pour détruire les microbes, neutraliser les toxines et fournir aux constituants chimiques cellulaires un supercarburant exceptionnel » – Le docteur français Paul Aubourg démontrant qu’après un lavement d’ozone, le sang du malade est suroxygéné, Bulletin médical, 15 octobre 1938.
Les deux principes de base de l’ozonothérapie sont les suivants :
L’exception sera dans les ulcères infectés et les blessures où il faut commencer par une concentration élevée et la diminuer en fonction de l’amélioration de l’état de santé.
L’utilisation de l’ozonothérapie dans le traitement de la douleur engendrée par la hernie discale est démontrée par plus de trente ans de recherche. En Lombardie et en Sicile (Italie), le traitement est inclus dans les procédures médicales couvertes par le service de santé.
L’injection d’ozone interrompt le processus inflammatoire, améliore l’oxygénation, corrige l’acidose locale et réduit la stase veineuse et lymphatique.
Ainsi elle présente un effet analgésique, favorise la cicatrisation de ce noyau et diminue la taille de la hernie.
Deux méta-analyses récentes sur les traitements à l’ozone pour les hernies discales lombaires démontrent que l’ozonothérapie améliore beaucoup plus l’état des patients par rapport à un groupe témoin, avec un faible indice d’événements indésirables et d’énormes avantages en termes de coût.
L’ozone peut modifier les propriétés du sang, provoquant des changements de viscosité par exemple, ce qui permet l’augmentation de la flexibilité et de la plasticité des globules rouges ainsi que l’amélioration du transport et de l’apport d’oxygène aux tissus. Cet effet se produit après un cycle de traitement et est similaire à celui obtenu par l’entraînement physique.
Ce traitement permet également aux globules rouges d’assimiler beaucoup plus vite le glucose, tout en boostant l’activité des enzymes antioxydantes.
Les globules rouges générés possèdent une activité supérieure à celle des anciens, raison pour laquelle ils ont été appelés globules rouges surdoués.
Ainsi, l’injection intraveineuse d’ozone chez un patient atteint d’ischémie chronique d’un membre11 réduit cette ischémie par la formation de globules rouges transportant l’oxygène vers les tissus ischémiés.
L’action réparatrice de l’ozonothérapie sur la paroi interne des petits vaisseaux sanguins permet aussi de guérir les ulcères chez les patients diabétiques.
Les effets biologiques de l’ozone sont nombreux :
L’ozone est capable de tuer tous les types connus de bactéries, y compris Pseudomonas aeruginosa et Escherichia coli, deux bactéries extrêmement résistantes aux antibiotiques.
Les effets locaux désinfectants, antiviraux et antibactériens de l’ozone sont dus à sa capacité oxydante élevée.
Cela en fait un germicide général à large spectre sur lequel les mécanismes classiques de résistance microbienne n’agissent pas.
L’effet bactéricide de l’ozone sur les plaies purulentes et les ulcères trophiques est plus efficace lorsqu’une résistance élevée des bactéries aux antibiotiques est de plus en plus évidente. Cela en fait un traitement de choix dans ces pathologies.
En 2003, il a été découvert que l’ozone est généré dans les neutrophiles activés. Ce gaz présente donc un rôle physiologique, non seulement en tant qu’agent bactéricide mais aussi en faisant partie du mécanisme d’amplification de l’inflammation et de l’activation des gènes associés.
L’ozone présente un mécanisme à double action, analgésique et anti-inflammatoire, à court et long terme en :
Un autre mécanisme permet d’expliquer les effets analgésiques de l’ozone : il pourrait activer des mécanismes analgésiques naturels de notre corps via la production d’endorphines. Les effets de l’ozone semblent sans limites tant son spectre d’action est large. D’ailleurs, depuis mai 2020, une étude clinique sur l’efficacité de l’ozonothérapie contre le coronavirus est en cours en Italie, supervisée par le Dr Amato de Monte12.
Évidemment, cette thérapie n’est pas à prendre à la légère et comme toute pratique médicale, elle comporte des risques et doit être effectuée sous contrôle médical.
Indications de l’ozonothérapie | |
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Angiologie | Athérosclérose, hypertension artérielle, insuffisance veineuse, ulcère diabétique, coronaropathie, gangrène, ulcère postphlébitique, vasculopathie périphérique. |
Dentisterie | Traitement des caries, désinfection des caries pendant la chirurgie et la période postopératoire, parodontite, aphtes. |
Dermatologie | Herpès zoster et simplex, acné, eczéma, lipodystrophie (cellulite), mycose, psoriasis, dermatite atopique, brûlures à différents degrés, plaies infectieuses et prolongées, posttraumatique, postopératoire, ostéomyélite par armes à feu. |
Endocrinologie | Diabète, hypothyroïdie. |
Gynécologie | Infections bactériennes par protozoaires ou mycoses, kyste de Bartholin, vaginite, ménopause, inflammation pelvienne chronique, infertilité. |
Hépatogastroentérologie | Hépatite, gastrite, ulcère gastrique, maladie de Crohn, constipation chronique. |
Immunologie | Immunomodulation, maladies auto-immunes, adjuvant dans les traitements par radiation et en immunodéficience. |
Néphrologie | Adjuvant dans le traitement des pathologies ischémiques métaboliques. |
Neurologie | Migraines, dépression, céphalées vasomotrices, troubles neurovasculaires. |
Pneumologie | Asthme, bronchite chronique. |
Rhumatologie | Arthropathie, hernie discale, rhumatisme articulaire, lumbago, arthrose, périarthrite, polyarthrite rhumatoïde. |
Dr Jean-Marc Robin en collaboration avec M. Aghiles Malik Tizouiar
Le Dr Jean-Marc Robin fait partie des premiers médecins à avoir considéré la nutrition comme une véritable approche thérapeutique. Président de Health smart source, il forme chaque année de nombreux professionnels de la nutrition. www.healthsmartsource.com
Inconnu I.1. Interrogé sur les secrets de son éternelle vitalité, le 29 septembre 2003, sur le plateau de l’émission de Canal +, Merci pour l’info
2. Section méthodes interdites M1 – Manipulations de sang ou de composants sanguins
3. www.lettre-docteur-rueff.fr/nous-pensions-refaire-le-monde/
5. https://www.lenntech.fr/bibliotheque/ozone/potable/ozone/ozone-applications-eau-potable.htm
6. Dr Noble Eberhart, chef du Département de physiologie de l’Université de Loyola à Chicago, dans le Manual of High Frequency Operation, en 1915.
7. Manuel de thérapie à l’ozone, Nizhny Novgorod, 2008
8. Technique qui consiste à prélever une certaine quantité de sang sur un patient, puis à le lui réinjecter dans les muscles ou dans la peau.
9. Pratiquée à l’aide d’un petit cathéter introduit quelques minutes dans le rectum.
10. www.lettre-docteur-rueff.fr/nous-pensions-refaire-le-monde/
11. Arrêt ou insuffisance de la circulation du sang dans un tissu ou un organe.